François Tarrou, le directeur marketing de chez Harley m’avait prévenu : « Tous les modèles de la gamme Touring ont vu pour 2009, la rigidité de leur cadre augmenter de 67%». Ayant toujours eu un faible pour les machines originaires de Millwaukee, patrie du légendaire bicylindre en V, il me tardait de le vérifier... "Les Harley se suivent mais ne se ressemblent pas." C'est la réflexion que je me suis faite après avoir essayé la Road-King et la XR 1200, deux nouveaux modèles proposés par le constructeur américain.
C’est sous une pluie tenace, que je découvre la belle. Dans sa livrée bicolore verte et blanche, on peut dire qu’elle en jette. Son look rappelle celui des modèles des années cinquante, notamment l’Hydra–Glide. Un petit tour du propriétaire (on ne chevauche pas une telle machine comme un vulgaire scooter) et je me décide enfin à la démarrer. Contact, le bicylindre s’ébroue. Côté son, je ne suis en tout cas pas déçu.
Les premiers kilomètres permettent de me familiariser avec ma nouvelle monture. Trois cent cinquante kilos de métal, cela ne s’apprivoisent pas en cinq minutes. Dès que la route retrouve un peu de grip, je commence les choses sérieuses. Oubliée la conduite élastique des précédents modèles. La grosse Harley saucissonneuse, c’est bel et bien fini ! Aujourd’hui, ça tient plutôt pas mal : on se croirait presque sur une japonaise… Un comble pour une belle américaine ! En entrée de courbe, on se surprend à retarder le freinage, tant le monstre est facile à balancer. «Il ne se passe rien en dessous de 160 km/h ! C’est un véritable rail», m’avait encore confié François Tarrou. « Un atout de plus pour attirer une nouvelle clientèle lassée par les radars ». Il est vrai que les sensations délivrées par le bicylindre de la grosse Harley ne se comptent pas en km/h. Assurément, le plaisir est ailleurs. Au guidon des modèles Touring, tout n’est quand même pas sans reproche. Le système de freinage est doté en série d'un ABS bien trop sensible à mon goût pour apporter un réel avantage, tout comme cet horripilant dispositif pour actionner les clignotants (un interrupteur de chaque coté du guidon) comme sur les BMW.
Espérons toutefois que les ventes à succès ne banalisent pas trop la chose. A trop vouloir ressembler aux concurrents, la plus vieille marque de moto au monde pourrait bien y perdre son âme. A l’instar de la XR 1200, le Sportster survitaminé et commercialisé il y a peu. Afin d’attirer un grand nombre de motards européens adeptes de motos de caractère, la firme a cru bon de nous sortir un modèle inspiré de la mythique 750 XR de compétition. La 1200 n’en est malheurement qu’une copie à moitié réussie. « Née sur la piste, taillée pour la route » avec un tel slogan, j’en attendais un peu plus coté agrément de conduite et sensations.
Pour les déplacements en ville, passez immédiatement votre chemin ! La machine n’est pas franchement à l’aise dans les embouteillages et à faible allure, le moteur, que l’on espérait plus "coupleux", ne permet pas de se relancer sans l’aide de l’embrayage. Elles possède également de (trop) nombreux autres petits détails agaçants. L’usage du bloc-guidon est fort peu pratique. Sur le modèle essayé, j’ai également constaté que les embouts d’échappement présentaient déjà des traces de rouille sur une machine totalisant à peine 2000 kilomètres... Les repose-pieds ne possèdent pas de ressort de rappel et ont la fâcheuse tendance à se replier après chaque arrêt. Le bouchon d’essence n’est même pas doté d’une serrure pour pouvoir le fermer à clé. Le pire étant peut être l’accélérateur, beaucoup trop sensible à l’accélération comme à la décélération. Il oblige le pilote à rester constamment concentré sur la poignée, le soumettant à de brusques changements de régimes à la moindre bosse.
Jean-Marc Navarro Ces défauts ne seraient déjà pas acceptables sur un deux-roues "Made in China". Mais pour une Harley Davidson, cela fait carrément désordre. Doit-on accepter ces lacunes pour bénéficier d’un tarif plus «raisonnable» pour une américaine ? Heureusement, la XR 1200 se rattrape un peu dès que l’on attaque les petites routes sinueuses. C’est d’ailleurs seulement sur ce type de parcours que j’ai fini par apprécier la machine. Mais à moins de déménager dans des contrées plus propices, je ne risque pas vraiment de changer d’avis sur le fond. Conquis par les modèles Touring, je suis déçu par la nouvelle Sportster. En cela, je partage l’avis des comédiens du film «Les hommes préfèrent les grosses". Sauf que moi, ce n'est pas du cinéma !
HD XR 1200
Vidéo envoyée par r2087r
Je me vois bien en Harley un de ces 4. Mais une que j'aurais assemblée, moi-même, pièces par pièces, au fond de mon garage. Une noire, au look agressif et au son rageur... L'article donne en tout cas envie de se lancer au guidon d'une de ces motos.
Rédigé par : razyé | 05 février 2009 à 16:49