Bon allez, j'en suis conscient, je prends le risque de me faire à nouveau secouer les puces par Anouchka. Une lectrice de ce blog (je l'en remercie) qui me reproche (c'est son droit) par mes modestes écrits d'être un dangeureux agitateur, partial et injuste dans ma lecture et mes commentaires du premier tour des municipales. Pas contente mais passionnée, Anouchka en appelle au boycott du site et du journal! N'en faites rien, et continuez à réagir!
Moi, par exemple, je vais persister un peu dans la provoc. Oh, rien de méchant! Je veux parler de François Bayrou. Vous savez le champion de la nouvelle offre politique. Celui qui renvoie PS et UMP dos à dos et s'allie en fonction des circonstances avec l'un, l'autre ou fait cavalier seul. Il m'épate. Vraiment. Il n'y a pas à chipoter. Il a du talent cet homme là. Un sacré culot même.
Il est en mauvaise posture à Pau, ville dont il brigue la mairie. A Paris, les listes de Marielle de Sarnez ne jouent même pas les arbitres et se font éconduire par le maire sortant quand elle parle alliance. Dans l'hexagone, son parti, le Modem, est crédité de... 3,7% de suffrages en cumul national alors que lui-même avait recueilli 18, 5% des voix lors de la présidentielle, neuf mois plus tôt. Et vous savez quoi? Pas déstabilisé pour un sou, Bayrou nous joue un remake (version municipale) de l'entre-deux tours de la présidentielle. Il est à nouveau la super-star et donne des sueurs froides aux états-majors de droite et de gauche en perspective du second tour. Dans une quarantaine de villes, le Modem, il est vrai, pourrait faire pencher le fléau de la balance d'un côte ou de l'autre.. Résultats: l'UMP, en mauvaise posture à l'issue du premier tour, lui déroule le tapis rouge ("Nous sommes préoccupés par le second tour, il évident qu'il sera difficile", a reconnu cet après-midi Patrick Devedjian); Le PS (ce n'est pas une nouveau), se déchire sur son cas et sur la pertinence de perdre son âme en faisant alliance avec lui.
Pour suivre Bayrou, les Français - ses fidèles aussi sans doute - ont intérêt à s'équiper d'une bonne boussole. Et de jumelles. Difficile en fonction de villes de savoir où se trouve le panache blanc de ce béarnais, biographe d'Henri IV. Seul soulagement au moment où j'écris, il ne reste plus que deux petites heures (ce mardi à 18h) avant que les listes soient déposées en préfectures. On saura alors réellement si les candidats Modem seront éparpillés "façon puzzle" entre l'UMP et le PS ou si une ébauche de cohérence voit le jour. Le second cas est le plus probable. Ce matin, l'ancien candidat à la présidentielle a répété que par une volonté d' "indépendance" de son parti et une volonté de "changer la vie politique" (bloquée selon lui), il ne donnait pas de consigne nationale et que les accords se feraient au cas par cas. Ajoutant sans rire au micro d'Europe 1: "Vivre sans risque, ce n'est pas vivre."
D'ores et déjà, à Marseille, Lille, Chartres... le Modem a rallié la PS. A Toulouse, Colombes... l'UMP. A Paris, Sarnez (faute d'accord avec Delanoë) y va sous ses propres couleurs. Quant à Bayrou, la mairie de Pau passe par un coup de pouce de l'UMP. Alain Juppé, son voisin en Aquitaine, lui a déjà apporté. mais chutt quand on veut être le porte-parole des non-alignés et "révolutionner" les pratiques politiques, il ne faut pas le dire trop fort.
B.M
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