Encore un moment, monsieur le bourreau! Dans quelques heures, ce vendredi à minuit, la campagne officielle du second tour des municipales sera finie. Dernières réunions publiques et distributions de tracts pour les perfectionnistes et les anxieux, ultimes coups de pouce des stars pour sauver les "mal barrés" de chaque camp (François Fillon était en Seine-et-Marne, Ségolène Royal dans sa région Poitou-Charentes) et hop! c'est parti pour 48 heures d'attente, de sueurs froides et de sommeil agité. Dire que pendant ce temps là, certains, Alain Juppé à Bordeaux ou Jean-Marc Ayrault à Nantes par exemple, plastronnent déjà dans leur fauteuil de maire.
Week-end de grand stress pour les qualifiés du second tour, les états-majors politiques et les instituts de sondages aussi. Mais eux, c'est connu, quand ils se plantent, ils arrivent toujours à expliquer que ce n'est pas de leur faute et qu'ils n'ont pas complétement tort. Magique, non?
Moi, je ne sais pas si c'est pareil pour vous, elle m'a étonné cette campagne. Franchement. Et n'allez pas croire que je me moque. Promis, je n'en rajouterai pas sur le vaudeville de Neuilly ou sur la façon dont Serge Dassault fait campagne à coups de subventions et de dons à Corbeil. C'est l'atavisme familial. Non, elle m'a bluffé cette campagne parce que je m'attendais à autre chose.
Rappelez-vous. Dans la foulée de l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Elysée et de l'ouverture politique pratiquée, ces municipales devaient être en rupture avec les précédentes. On allait voir ce qu'on allait voir. Une autre façon de faire de la politique et pas seulement pour piquer le nouveau fond de commerce dont François Bayrou s'estime le taulier.
Grosso modo, à droite et à gauche, pour montrer que le sectarisme était passé de mode, le jeu consistait à rameuter sur ses listes des candidats de l'autre camp. Subtil non? Exemple: si vous repériez des écologistes et d'anciens socialistes sur une liste, il y avait de chances qu'elle soit une liste de droite! Et inversement. J'exagère à peine. La preuve? La bonne ville de Pau. La liste UMP est menée par l'ex-maire PS! Croquignolet, non? Assez incompréhensible aussi, je vous l'accorde, Pour ne pas compliquer plus la donne, je laisse de côté les changements de pied de l'Elysée sur la qualification de l'élection. Un enjeu politique national puis (au vu des sondages) des scrutins purement locaux.
Finalement à quoi a-t-on assisté dans cette campagne? A une nouvelle façon de faire de la politique? Non. A l'émergence de nouvelles têtes? Pas vraiment. La rupture était aux abonnés absents. Comme d'hab, et en réalité on voit mal comment il pouvait en être autrement, l'affrontement droite-gauche a prévalu. Il structure toujours la vie politique. Pour ceux qui n'en sont pas convaincus, qu'ils regardent les soirées électorales dimanche soir à la télé. Elles ressembleront étrangement aux précédentes.
B.M.
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