Stationner son deux-roues dans la capitale devient à l'évidence un exercice de plus en plus périlleux. Entre les emplacements surchargés et les trottoirs hostiles où rôdent de plus en plus les carnets à souches, mieux vaut oublier nos anciens réflexes. Et se résigner à prendre les habitudes de nos amis automobilistes.
Il convient avant tout de s'armer de patience en attendant qu'une place se libère, ou prendre le risque d'une contravention ! Du coté de la mairie de Paris, on se contente d'assurer (sans préciser combien et quand, NDLR) que de nouveaux emplacements sont prévus. Au niveau préfecture, on tente de relativiser. Certaines méthodes pratiquées récemment par les services de fourrière ont quelque peu agacé les motards. C'est le cas, par exemple, des antivols sectionnés afin d'embarquer les véhicules solidement accrochés aux poteaux et autres points fixes. Dans ce cas, le discours a le mérite d'être clair : "En dehors des emplacements prévus à cet effet, il est interdit d'attacher son véhicule au mobilier urbain. Quand il n'y a plus de place disponible en surface, l'utilisateur d'un deux-roues peut maintenant se garer en sous-sol. En principe, l'enlèvement survient uniquement en cas de stationnement gênant".
Un avis que ne partage pas Marc Fontan, directeur du rallye Moto "Dark Dog Tour". Cette semaine, l'ancien champion du monde d'endurance s'est fait enlever son deux-roues rue de Bercy à la hauteur de la gare de Lyon. "Je me gare ici depuis un an et demi, le long d'un grillage tout en m'assurant bien sûr de ne gêner personne. D'ailleurs, jusqu'à maintenant, je n'avais encore jamais été verbalisé, ni même reçu d'avertissement !" Après s'être acquitté d'une amende forfaitaire de 105 euros, Marc Fontan a récupéré son bien à la fourrière de Bonneuil-sur-Marne, dans le Val-de-Marne. Une destination pas spécialement bien desservie par les transports en commun ! Autre annecdote, dans le 1er arrondissement de Paris. A l'angle du boulevard du Palais et de la rue de Lutèce, il faut choisir son camp ! A gauche, sur le boulevard, les deux-roues s'agglutinent sur le
trottoir. Le stationnement y est autorisé, même si celui-ci réduit l'espace piéton à la portion congrue. A droite, rue de Lutèce, changement de décor. Seuls quelques motos et scooters prennent leur aise sur le trottoir. Surprenant, comme situation: cela méritait quelques explications. Aux abords de la préfecture, sécurité oblige, l'esplanade située rue de Lutèce est interdite au stationnement. Pour quelques centimètres de trop, tous les engins se trouvant du mauvais coté en ont été pour leur frais. Contraventions "délicatement" apposées : j'ai vite compris qu'ici on ne plaisantait pas, surtout avec les engins équipés d'un top case. Selon le policier verbalisateur, ces espaces de rangement sont susceptibles de contenir des explosifs.
Que les motards garés boulevard du Palais ne s'estiment pas pour autant à l'abri. A l'entrée du parking souterrain situé à deux pas de là, un calicot vante les mérites d'un tout nouvel espace de stationnement exclusivement réservé aux deux-roues. Par ces nouvelles tendances, j'ai bien peur que beaucoup de motos risquent de devenir totalement indésirables sur les trottoirs de la capitale... Le responsable du parc souterrain est catégorique. " Bien sûr, pour les motos, il y a beaucoup de place...!" Il est vrai que financièrement parlant, le tarif horaire s’élevant à 70 centimes d'euros privilégie encore un peu le motard par rapport aux 2,60 euros du tarif automobile.
En revanche, pour le sentiment de liberté et l'esprit rebelle, il faudra repasser...
Jean-Marc Navarro
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