Alors que les candidats ont déjà bouclé leur dernier meeting et se contentent de quelques visites de quartiers avant la fin de la campagne officielle ce vendredi à minuit, deux Français sur trois (66%) selon un sondage IFOP voteront "principalement en fonction de considérations locales" et 21% pour sanctionner l'action de l'éxécutif. De quoi réjouir Nicolas Sarkozy qui, dans le Figaro du 6 mars, déclarait travailler "à la modernisation de la France et ne pas se laisser distraire par les péripéties" d'un tel scrutin, des mauvais sondages engrangés et d'une popularité en berne. Une posture présidentielle pas franchement en rupture avec celle de ses prédécesseurs à l'Elysée. Quand un avis de gros temps est annoncé pour la majorité présidentielle, la meilleure stratégie reste la tangente, la défausse. Sur le thème: moi je suis élu pour cinq ans. Traduction: vous jugerez mon action en 2012. D'ici là ce n'est pas vraiment mon affaire.
En réalité, sans surprise et là encore sans grand changement avec les moeurs de la vie politique que Nicolas Sarkozy bouscule et veut toujours bousculer, dimanche soir sur les plateaux des radios et télés, tout le monde, droite, gauche, centre et les autres, tentera de transformer ses défaites en succès ou ses victoires en triomphes. A les entendre, chacun sera gagnant. Un scénario connu. En 2001, le PS (Lionel Jospin était alors à Matignon et Jacques Chirac à l'Elysée) nous l'avait joué avec talent. Les prises, très symboliques et très stratégiques, de Paris et de Lyon avaient masqué la perte sèche par les socialistes d'une quarantaine de villes de plus de 20.000 habitants. Cette fois, 7 ans plus tard, l'UMP peut nous rejouer avec autant de brio cette commedia dell'arte. Il suffira au parti présidentiel de sauver Toulouse et Marseille, menacées par la gauche selon les sondages, pour transformer une bérézina annoncée en simple "péripétie" comme le dit Sarkozy.
Dimanche soir, la grille de lecture des résultats du premier tour des municipales sera simple. A droite, plus le désaveu sera important et plus le scrutin sera local, et seulement local pour elle. A gauche, plus le succès sera large et plus les socialistes l'orchestreront comme un rejet de l'action de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement.
B.M.
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