Parties de campagne : Municipales 2008

Prudences socialistes

Il a le pied sur le frein, François Hollande. Le 31 janvier, à Neuilly (l'air ambiant sarkozyste et un brin troublé lui était peut-être monté à la tête) il avait affirmé que le PS pouvait gagner 30 villes. Ce soir, pour Europe 1, TV5 Monde, Le Parisien et Aujourd'hui en France, il avait la prudence de sioux des vieux roublards de la politique à qui on ne la fait pas. Il ne donne plus de chiffre. Il ne vendra pas la peau de l'ours avant d'avoir gagné... gagné quoi, au fait? Après l'émission, il a surtout évoqué des villes moyennes (Laval, Blois, Chartres...) sans cacher que la victoire à Caen et Strasbourg lui semblait à portée de la main, et qu'il serait déçu si Toulouse ne basculait pas de droite à gauche. Mais le mâdré corrézien ne va pas plus loin. Il sait bien que si, finalement, le PS ne conquiert pas Marseille, on dira qu'il n'a pas gagné les élections. Comme en 2001, la perte de Paris et de Lyon avait, pour la droite, masqué son écrasante victoire sur la gauche.
B.H.

Pronostic à Levallois

Croisé Patrick Balkany ce matin, sur le marché de l'avenue de l'Europe à Levallois. Comme toujours, le maire ne distribue pas de tracts pour les municipales, et ses partisans non plus. Trop cher, polluant et pas nécessaire. Pensez donc: Balkany pense être une affiche électorale à lui tout seul. On lui demande son pronostic. Elu au 1er tour? "Evidemment!" s'exclame-t-il, comme si "ballottage" était un gros mot ici. Et avec combien de voix? "Entre 55 et 60%" dit-il. Rendez-vous est pris le 9 mars au soir pour vérifier la qualité du pronostic.
B.H

Week-end et RTT

Voilà qui ne remontera pas le moral des candidats de la droite aux municipales, à presque une semaine seulement du premier tour: pendant qu'ils battent la campagne et cherchent des arguments pour le défendre, le président de la République et son épouse restent en Afrique du sud pour le week-end, pour un voyage de noces qui ne dit pas son nom. "Il est amoureux, il veut prendre ses week-end" soupirait l'autre soir un conseiller de l'Elysée. Auquel un député UMP, ulcéré, a répondu:" Il ne veut pas aussi prendre des RTT?".
B.H

L'homme des cas désespérés

François Fillon est aujourd'hui à Blois. Il sera lundi à Lyon. On l'a vu à Strasbourg et à Caen. On l'annonce à Nantes. Il est passé et repassera par Marseille. Bref, le Premier ministre, devenu depuis peu l'homme de droite le plus populaire de France, se rend au chevet des élections difficiles. Car les candidats de la majorité Nicolas Perruchot, Dominique Perben, Fabienne Keller, Brigitte Le Brethon   et même Jean-Claude Gaudin ne sont pas au mieux de leur forme électorale. A Caen et Strasbourg, on dit déjà que la droite a perdu. A Nantes, qu'elle perdra comme d'habitude. A Blois, que ce sera dur. A Marseille, que tout peut arriver. Mais Fillon n'en a cure. En s'occupant des cas désespérés, il ne risque pas d'être accusé de voler au secours de la victoire. Comme on dit, il fait son job. En chef de gouvernement. Ni plus, ni moins. Et c'est peut-être pour ça qu'il monte dans les sondages.

B.H

Ambiance

A neuf jours des élections municipales, impossible de croiser un ministre qui n'ait pas le bourdon. Au mieux, ils confient: "C'est vraiment difficile". Au pire:" Il y a une ambiance épouvantable". Qu'ils soient candidats ou non, têtes de liste ou noyés dans la masse, concurrents ou non pour les cantonales, les leaders de l'UMP trainent leur blues. Certains assurent qu'au lendemain de la défaite, les réglements de comptes seront saignants. Dans le collimateur: le président de la République, dont le dernier dérapage en date, au salon de l'agriculture ("Casse toi, pauv con")  les atterre encore un peu plus que les précédents. Et la direction de l'UMP, et en premier lieu son secrétaire général Patrick Devedjian. Certains s'apprêtent à faire des offres de service. Mais pas avant le 10 mars. Comme dit un élu UMP d'Ile de France: "On ne tire pas sur une ambulance". Sympa, l'ambiance.

B.H.

La petite bombe de Sarnez

C'est une drôle d'idée de faire des émissions au salon de l'agriculture. On y discute dans une ambiance... de comices agricoles, forcément. Le vacarme de ces grands hangars à bestiaux est tel qu'il faut hurler au micro pour poser une question (ce qui parait étrange au télespectateur qui regarde cela tranquillement chez lui) et tendre l'oreille pour tenter de capter la réponse. Disons que c'est une expérience. Mercredi soir dans "Face à Nous" sur Public Sénat (une émission à laquelle Le Parisien-Aujourd'hui en France est associé) c'était Marielle de Sarnez, la tête de liste du Modem à Paris, qui faisait l'invitée. Le bruit ambiant ne semble pas la déranger le moins du monde. Elle roule comme à l'ordinaire: gonflée à bloc et montée sur des ressorts. On a toutes les peines du monde à la freiner pour poser une question. Extrait: "Les grandes tours le long du périphérique, c'est non! Je ne suis pas pour qu'on colle les Parisiens dans des tours et qu'on colle les tours le long du périphérique, ça, c'est la double peine!" Elle ne semble pas non plus porter Françoise de Panafieu (la tête de liste UMP) dans son coeur, ni lui accorder un très large crédit politique: "On ne peut être contre tout sous prétexte que c'est Delanoë qui l'a réalisé (...), la droite parisienne n'a pas évolué", etc. Après l'émission, alors que les travées du salon finissent (enfin) par se vider, Marielle de Sarnez, toujours branchée sur 100.000 volts, continue.  Cette fois elle embraye sur le Vème arrondissement de Paris et de l'éternel remake Jean Tiberi-Lyne Cohen-Solal qui n'en finit pas de lasser les électeurs". Elle en déduit que Philippe Meyer, le journaliste-candidat du Modem, " va faire un bon score". Avant de repartir, Sarnez lance une petite bombe: "Tiberi ne sera quand même pas facile à battre parce qu'il a 2.400 voix d'avance. Ce sont les  2.400 procurations déposées dans son arrondissement, un record! Et personne n'en parle". Puis elle disparait dans les allées, entre chèvres et moutons. C'est une drôle d'idée de faire des émissions au salon de l'agriculture.       

Ph.M.

Plus ou moins de 50.000 ?

Les rencontres avec les maires sortants offrent parfois de drôles de surprises. L'autre jour, à Blois, à la question "Combien y a-t-il d'habitants dans votre ville?" Nicolas Perruchot (ex UDF, passé au Nouveau Centre après son ralliement à Nicolas Sarkozy entre les deux tours de la présidentielle) hésite, regarde le ciel, fait un vague geste de la main: "47.000, 48.000..." Il ne sait pas. Jamais la ville n'était passée au-dessus de 50.000 habitants? Non, dit-il. Mais si, atteste l'un des derniers recensements. Depuis, Blois est repassée sous la barre des 50.000 habitants. Ce que son maire devrait savoir, c'est qu'à plus ou moins de 50.000 habitants, le montant de la Dotation globale de fonctionnement, versée par l'Etat aux communes, n'est pas le même...
B.H

Quand Pécresse rosit

Même en période d'élections municipales, il n'est pas interdit de penser à la prochaine présidentielle. Voire à celle qui suivra la prochaine. A droite, on entend souvent dire que trois candidats potentiels sont déjà en piste: Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, qui ne cache d'ailleurs pas ses ambitions; Xavier Bertrand, ministre du Travail, qui a fait cette semaine un inattendu "coming out" en révélant, dans l'Express, son appartenance à la franc maçonnerie; enfin une femme, Valérie Pécresse, ministre des universités et de la recherche. Lors d'un récent déjeuner, la question lui est posée: "Pour vous, c'est 2017, c'est ça?". Elle n'a pas vraiment répondu. Elle a dit des rumeurs qu'elles étaient "flatteuses" et surtout elle a rosi, très joliment rosi. Ce qui était une forme de réponse.
B.H

Il faut classer les marchés !

Classer la gastronomie française? Les chefs cuistots en ont rêvé, enfin presque tous. Nicolas Sarkozy veut le faire. Dans la foulée, le président de la République devrait aussi suggérer de faire classer au patrimoine mondial de l'Unesco les marchés des 36.783 communes de France...Pourquoi les marchés, au même titre que Bordeaux, Le Havre ou la vallée de la Loire? Parce que sans les marchés, plus de vie politique possible. Quasiment tous les ans (on vote beaucoup en France, et il faudrait être fou ou autocrate pour s'en plaindre) dès que le printemps pointe le bout de son nez, son air plus doux, ses premières jonquilles, les marchés sont pris d'assaut. Au milieu des produits du terroir bien de chez nous, pommes de terre de l'île de Ré, clémentines d'Israël, pommes de Normandie, dattes de Tunisie, endives du Nord et litchies de Madagascar, les candidats s'invitent et se faufilent avec leurs tracts, leur sourire et leurs arguments de campagne. Ils distribuent leur programme, ou leur liste, ou les deux. Certains ont des écharpes orange, d'autres des pulls bleu horizon, d'autres des casquettes rouges. Les passants les évitent ou les guettent, disent bonjour au maire sortant, écoutent d'un air plus ou moins distrait les challengers, donnent ostensiblement leur avis ou semblent s'excuser de saisir un tract qu'ils glissent bien vite dans leur poche. Les plus consciencieux réclament toute la littérature électorale, qu'ils liront à tête reposée, chez eux, le dimanche après-midi, entre le café, les Guignols et Michel Drucker.
Lieu de plaisir et de promenade autant que de commerce, le marché peut aussi devenir le lieu de toutes les joutes. Oratoires, entre les candidats qui se contredisent ou s'invectivent. Ou physiques, quand une star de la politique descend dans l'arène et provoque, comme Ségolène Royal à Levallois le 17 janvier, une bousculade comme les vieux militants n'en avaient pas vu depuis des lustres.
On mélange allègrement la liste des courses avec celle des promesses: un kilo de tomates, la baisse des impôts locaux, une botte de poireaux, la construction d'une salle polyvalente, six pamplemousses, des foyers pour les personnes âgées, un artichaud, le sport gratuit pour les enfants...Alors oui, classons les marchés de France. Car si un jour la grande distribution, avec ses légumes aseptisés et ses plats tout prêts, venait à faire disparaître ces petits morceaux du patrimoine, c'est toute la politique française qui serait en état de péril démocratique.
B.H.