La droite a toujours le sourire, la gauche ne cède pas encore au triomphalisme. Vous les avez vus et entendus, hier soir et ce matin, à la télévision et sur les radios nos hommes politiques commenter les résultats? En caricaturant, difficile de savoir quel camp sortait vainqueur. Trop contente d'avoir éviter la correctionnelle dès le 9 mars, de sauver bon nombre de ministres-candidats et de saluer la performance d'un Alain Juppé au premier tour à Bordeaux (qui jure désormais la main sur le coeur qu'on ne le reprendra plus à faire de la politique nationale), l'UMP avait presque gagné l'élection, évacuait d'un geste le vote sanction si redouté quelques heures avant et se moquait même de de cette absence de vague rose! Au PS, prudent, on se gardait bien de chanter sur l'air des lampions "on a gagné, on a gagné!" On avait quand même du mal à ne pas savourer l'instant. La poussée est là, réelle, significative. D'ores et déjà 9 villes sont passées de droite à gauche (Rodez, Laval, Rouen...) contre deux dans le sens inverse. Puis il y a Lyon qui s'offre à nouveau à Collomb et Paris qui ne cache plus son penchant pour Delanoë.
Mais voila avant qu'une victoire ne se transforme en triomphe et qu'une défaite ne devienne une déroute pour l'un ou autre des camps, il faut encore attendre encore un peu. Un suspens insoutenable jusqu'à dimanche prochain, 16 mars. Et là on peut s'interroger alors sur la tactique de la droite. A force de minimiser l'ampleur de son recul, de dire sur tous les toits qu'il n'y a pas d'avertissement au gouvernement et qu'elle a évité la volée annoncé, elle ne mobilise par forcément son électorat pour le deuxième tour. Pourquoi se déplacer si elle résiste si bien? François Fillon et Nicolas Sarkozy l'ont bien compris. Dès lundi à Paris, le Premier ministre a repris son bâton de pélérin pour aller porter la bonne parole. Tout la semaine il fera un déplacement quotidien. Le président quant à lui sera demain à Toulon (ville dont le maire UMP Hubert Falco a été réélu haut la main). Officiellement, il parlera immigration et intégration...
Au PS, les ténors semblent jouer la partie plus finement. Parfois en en rajoutant tellement dans la fausse modestie qu'on a du mal à croire leur sincérité. "Rien n'est encore gagné, tout va se décider dimanche prochain. Ne vendons pas trop vite la peau de l'ours", répètent-ils en boucle, histoire de mobiliser leur électorat au moins jusqu'au 16 mars. Sans doute au soir du second tour, le PS saura s'il a récupéré sur la droite les 41 villes de plus de 20.000 habitants perdues en 2001 et ajouté en prime Toulouse et Marseille. Mais d'ici là, le PS devra prendre en compte les résultats du premier. Un vague parfum de nostalgie, genre "gauche plurielle", flotte autour de lui. Le PC fait mieux que résister (il gagne notamment Dieppe et Vierzon), les Verts ne sont pas balayés même s'ils sont en petite forme.
Reste le champion autoproclamé de la "nouvelle offre politique", François Bayrou. Son parti, le Modem, est en position de se maintenir dans une quarantaine de villes. Certes, il se retrouve en situation inconfortable à Pau, et Marielle de Sarnez, en dépit de ses appels du pied à Bertrand Delanoë dans la capitale, n'est pas en mesure de négocier quoique ce soit. Il n'empêche: une nouvelle fois, comme lors de l'entre-deux tours de la présidentielle, Bayrou est l'objet de toutes les sollicitudes. La droite propose à cet "allié naturel" une alliance global. La gauche se déchire à son sujet. Si Ségolène Royal veut un partenariat avec le Modem, François Hollande ne veut pas en entendre parler. Le prochain congrès du PS s'annonce assez rock-and-roll. Quant à Bayrou, sa stratégie bien personnelle et difficilement lisible pour le commun des mortels l'incite à favoriser des alliances au cas par cas! En attendant, les tractations vont bon train. Il est vrai que les candidats ont jusqu'à demain mardi en fin d'après-midi pour finaliser les listes en lice pour le second tour.
B.M.
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