Bon, c'est vrai, a quelques jours du premier tour des municipales, dimanche prochain, les socialistes ne carburent plus au prozac, plutôt à l'EPO. A la lecture des sondages, ils sont euphoriques. On ne peut pas leur donner tort. Plus l'échéance se rapproche, plus les instituts leur pronostiquent des lendemains radieux. Non contents de conserver Paris, Lyon, Lille, Nantes, ils pourraient rêver de Strasbourg, Toulouse et même Marseille sans parler d'une kyrielle de villes de plus de 20.000 habitants perdues en 2001. De quoi griser les militants et leur faire oublier la claque de la dernière présidentielle.
Pourtant dans cette sérénité ambiante, une voix discordante se fait entendre: celle de François Hollande. Pas un jour, sans que le député de Corrèze, lui-même candidat à la mairie de Tulle et qui pour la dernière fois en tant que patron du PS mène les siens à la bataille, ne mettent en garde les socialistes contre le "piège" des sondages."Mo-bi-li-sez vous, tout se joue au premier tour", martèle-t-il à longueur d'émissions et de meetings. Sa crainte? Que devant tant de triomphes annoncées, les électeurs de gauche ne se déplacent pas pour aller voter le 9 mars et attendent le deuxième tour, le 16.
Plomber l'ambiance, n'est pas franchement la tasse de thé de François Hollande. D'habitude, le premier secrétaire est plutôt jovial. Alors pourquoi ne blague-t-il plus? D'abord, il ne veut pas rater sa sortie à la tête du PS. On peut le comprendre, il ne veut pas injurier 'son" avenir. Ensuite, il a de la mémoire. Une grande mémoire qui remonte aux municipales de 1983. François Mitterrand est installé à l'Elysée depuis deux ans. Le tournant de la rigueur n'a pas encore été pris. Mais le cru 83 ne s'annonce pas exceptionnel pour les socialistes. Un homme incarne alors le socialisme municipal. Il s'appelle Hubert Dubedout, maire de Grenoble depuis 1965, réélu sans interruption, et présenté par tous à l'époque comme "le meilleur maire de France". Il a fait de sa ville un véritable laboratoire des politiques publiques. L'homme respecté est imbattable, tous les sondages le donnent largement gagnant face à son jeune et inconnu challenger RPR, un certain Alain Carignon. Pour tout le monde, Dubedout est déjà réélu. A tel point, que son électorat profitera du dimanche ensoleillé du premier tour, pour aller skier et se prélasser sur les terrasses des stations! Résultat: il est distancé au premier tour et battu au second, victime de la "gauche bronzée". Un syndrome encore dans toutes les têtes au PS un quart de siècle après et qui explique pourquoi Hollande joue aujourd'hui les Cassandre. D'autant que le 9 mars 2008, il y aura encore des Français en vacances, de la neige dans les stations et une météo qui ne s'annonce pas mauvaise.
B.M.
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