Moi, franchement, ils me font de la peine les électeurs de Neuilly. Oh! bien sûr, ils ne sont pas à plaindre. Rien à voir avec ceux des banlieues ouvrières. Ici pas d'insécurité. Pas vraiment de problèmes de fin de mois. Peut-être quelques petites crises d'angoisse quand le CAC 40 plonge. Et c'est tout. Rien, vraiment rien de dramatique, il y en a de plus malheureux.
Et pourtant, je les sens au bord de la crise de nerf, cherchant fébrilement du prozac dans leur salle de bain ou au minimum de l'aspirine. Il est temps pour eux que cette campagne municipale se termine. Et vite. Elle tourne au cauchemar. Ils vont craquer. Vous imaginez des manifs devant l'Hôtel de ville aux cris de "Non à la chienlit!"? Remarquez, cela aurait de la gueule: carrés Hermes, Tweed et Cashmeere. Un vrai défilé de mode. Je blague.
Dans une ville dont l'actuel président de la République fut le maire pendant 19 ans et où la gauche en voie de disparition n'est même pas répertoriée comme espèce protégée, la campagne électorale tourne à la foire d'empoigne. Et on n'y comprend plus rien.
Il y a d'abord eu la séquence du parachute en torche de David Martinon. Vous savez le porte-parole de l'Elysée désigné par Nicolas Sarkozy pour porter ses couleurs. Trois petits tours et hop (avec l'aide notamment de Jean Sarkozy, le fils de) Martinon prend la direction de l'infirmerie pour grands blessés.
Il y a eu ensuite l'épisode du remplacement de David Martinon pour mener la liste. Croyant bien faire l'UMP investit un divers-droite Jean-Christophe Fromantin (arrivé en tête dimanche dernier). Mais voilà, cette désignation ne plait pas à Arnaud Teullé, un sarkozyste pur sucre, qui fait sa liste dissidente et se maintient au second tour. Je ne vous dit pas déjà l'ambiance qu'il y avait pendant la campagne du premier tour. Noms d'oiseaux dans les meetings, échauffourées... On se serait presque cru à une AG à la Sorbonne en 1968. On en est déjà au tribunal entre les deux, notez.
Cette pagaille provoque un second tour et fiche en l'air un autre week-end pour les habitants de Neuilly habituée à élire leur maire au premier, vous me direz c'est du folklore. Circulez, il n'y a rien à voir.Raté! Le calvaire continue pour les neuilliens. Pour "faire le bon choix", comme disait l'autre, dimanche, il va leur falloir les conseils d'un politologue.
Jeudi matin, Nicolas Sarkozy a reçu à l'Elysée pendant quarante minutes, le candidat dissident Arnaud Teullé (mardi soir, ce dernier avait dîné avec Brice Hortefeux), lui a conseillé de le faire savoir et de faire savoir qu'entre les deux candidats, l'UMP n'avait pas à choisir. Colère de Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP, qui s'est fendu d'un communiqué. Thème: quand le président a à me transmettre un message qu'il le fasse directement! Nous, on soutient toujours Fromantin.
Vous avez compris? Moi pas complétement le film. Juré pour les neuilliens, cette municpale c'est presque l'enfer.
B.M.
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