Ce n'est pas à moi sur ce blog de commenter, de disséquer ou d'analyser les résultats du second tour des municipales. Il y en a de mieux placés pour le faire et vous avez pour vous informer - et je vous la recommande- la lecture demain matin du Parisien et d'Aujourd'hui en France, vos quotidiens préférés. Je pourrais donc me contenter de dire que pour la droite, ce dimanche était un jour sans. Vraiment sans, je vous l'accorde. D'accord, Jean-Claude Gaudin, ric-rac, a conservé Marseille, l'insubmersible Jean Tiberi son Vè arrondissement de Paris. Mais pour la majorité des autres, quelle dégelée! Au cours de la soirée, les villes de droite sont tombées à gauche comme à Gravelotte. Toulouse, Strasbourg, Metz, Reims, Périgueux, Amiens, Angers, Saint-Etienne... Pardon mais je n'ai pas eu le temps de toutes les noter. Impressionnant, en tous cas. Même Rama Yade à Colombes est allée au tapis. Rama Yade, vous vous rendez compte.
Je ne suis pas naïf. Les hommes du président devaient s'attendre à un avis de tempête. A un tel coup de tabac? J'en suis moins sûr. D'où mon admiration pour ceux qui ont été envoyés au feu à la télévision et dans les radios. A les voir, on avait presque de la compassion. Vous allez me dire, ils avaient une feuille de route. Oui. François Fillon était allé la chercher dans l'après-midi à l'Elysée et il avait ensuite réuni ses troupes à Matignon. Il n'empêche: sur TF1 ou France 2 peu avant 20 heures et les premiers résultats, le téléspectateur avait déja une idée de l'ampleur de la catastrophe en les regardant. Plus le duo PPDA-Chazal sur la Une et David Pujadas sur la 2 annoncaient avec des airs entendus (presque avec gourmandise pour retenir le chaland sur leur chaine) des surprises, plus les représentants de la majorité sur les plateaux s'assimilaient à des condamnés à mort à qui on venait de proposer leur dernière cigarette.
Ceci dit, il faut accorder une mention spéciale à Xavier Bertrand. Vous savez celui qui se verrait bien à Matignon à la place de l'autre et dont l'ambition exaspère bon nombre de ses petits camarades, Fillon en tête. D'abord, c'est un stakhanoviste ce garçon. A peine l'avait-on vu sur TF1 qu'on le retrouvait sur la 2 avant un passage sur la 3. Sans parler des radios. Ensuite, il ne manque pas d'aplomb. Mieux que ses amis qui auraient préféré rester sous leur couette, il sait expliquer que son camp vient d'en prendre une bonne mais qu'il ne faut pas se tromper, ce n'est pas un désaveu au contraire une incitation à poursuivre les réformes engagées. Pourquoi, vous vous demandez? Facile. 1./ C'est une succcession de scutins locaux et aucun cas le match retour de la présidentielle. 2./ Si vous le titillez un peu, il vous explique que jamais l'abstention n'a été aussi grande depuis 1959. Bref que cette péripétie n'a pas grande valeur.
Je vous entends déjà, vous allez me dire que je ne sais critiquer que la droite. Faux! Mais reconnaissez que pour les socialistes la soirée était plus facile. Question victoires, ils étaient au bord de l'indigestion. Leur seul problème était de ne pas se laisser aller à l'euphorie. Heureusement Ségolène Royal était là. Et avec Ségolène, c'est formidable. Dès qu'elle parle, on a le sentiment qu'elle fiche en l'air la soirée de ses petits camarades. Il fallait voir la tête de François Hollande et Laurent Fabius sur le plateau de TF1 quand, en lisant son texte en direct de Poitiers, elle a appelé les socialistes à se rassembler et à réfléchir à un projet audacieux, le sien. L'exaspération des deux était telle que je me suis félicité que la chaine ait mis 400 kilomètres entre eux, autrement on avait droit à un fait divers en direct. J'exagère. A moitié. Quelques minutes plus tard en zappant sur la 2, je suis retombé sur la présidente du Poitou-Charentes, toujours à Poitiers et toujours parlant de son projet devant les regards goguenards et pas franchement amicaux de Jack Lang, Manuel Valls et Julien Dray en plateau. En réalité, je ne sais pas si Ségolène Royal met de l'ambiance au PS ou casse l'ambiance. Mais le prochain congrès s'annonce tonitruant.
Et François Bayrou me direz-vous? Je n'aurais pas la prétention de reprendre à mon compte la célèbre formule de Françoise Giroud à propos de Jacques Chaban-Delmas en 1974: "On ne tire pas sur une ambulance." Je serai donc discret. Mais à la reflexion, je me demande s'il est vraiment responsable de ce qui lui arrive. Non, rassurez-vous, je ne mets pas en doute sa lucidité. Mais je m'interroge. Suivez-moi: Xavier Darcos battu à Périgueux, Gilles de Robien défait à Amiens, François Bayrou à Pau. Vous ne voyez pas? Je vous donne un petit coup de pouce: Lionel Jospin balayé au premier tour de la présidentielle en 2002. Toujours rien? Et si le ministère de l'Education nationale portait la scoumoune à ceux qui l'occcupe ou l'ont occcupé?
B.M.
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